• Historique.

    Aubusson se trouve dans la vallée du Couzon, affluent de la Dore, sur un ancien chemin conduisant de Courpière à Vollore, le pays est accidenté, la population est très dispersée.

    Jusqu’en 1789, Aubusson fut la paroisse d’Aubusson-Espinasse (Espinasse est l’endroit plein « de plantes épineuses »), il fut d’ailleurs question un moment de rendre officiellement ce nom à la commune. Son territoire était partagé entre plusieurs seigneuries : Puy-Millier, La Souche, Lhauzun, Tournebize  et Aubusson.

    Puy-Millier depuis le XIII° siècle au moins appartenait aux Chaulet, en 1407, Marguerite Chaulet épousa Antoine de La Barge et depuis lors ses biens suivirent le sort de la Seigneurie de La Barge (commune de Courpière).

    La Souche connut divers propriétaires jusqu’en 1612, date de son achat par Antoine de Bonnevie  (Voir les seigneurs de Bonnevie de Pogniat), seigneur de Tournebize, et fut ainsi uni à sa seigneurie.

    Tournebize eut pour propriétaires les Ratier, les Bonnevie, puis aux XVII° siècle par le mariage de l’héritière, les Matussières, au XVIII° siècle cette seigneurie passa à des bourgeois.

    La seigneurie d’Aubusson était aux Montboissier au XIII° siècle et resta dans cette famille jusqu’au mariage en 1572 de Gilberte de Montboissier avec Jacques de La Fin, un autre mariage en 1624 fit passer Aubusson aux Beauverger-Montgon, dans le courant du XVIII° Marie de Beauverger-Montgon, épouse de Jacques de Champigny, laissa la seigneurie à son fils qui, en 1752, la vendit pour 268 000 livres à Charles  Claude de Chazerat qui allait devenir Intendant d’Auvergne.

    La haute justice était partagée entre la commanderie de Courtesserre, notamment sur Aubussson-Espinasse et la Souche, et la seigneurie d’Aubusson sur le reste de la paroisse et sur de nombreux villages et hameaux des paroisses de Courpière, Vollore et Augerolles.

    Jusqu’au 12 juillet 1620, l’église paroissiale était à Espinasse, sous le patronage de saint Séverin, à Aubusson il n’y avait que la chapelle du château dédiée à saint Blaise. Celle-ci ayant été agrandie grâce aux libéralités du seigneur de La Fin, et des plus importants habitants du bourg, l’évêque Joachim d’Estaing consentit à en faire le centre paroissial et désormais nomma le curé, mais l’église d’Espinasse conserva le titre « d’église mère » et le cimetière resta près d’elle, en 1715, le curé adressa en vain une supplique à l’évêque pour qu’il soit transféré à Aubusson.

    Espinasse fut longtemps le centre d’un important pèlerinage le 15 août, on y vénérait une statue de la Vierge. Il y a bien des légendes à son sujet. Pendant les guerres de Religion elle aurait été enterrée près de la chapelle pour échapper à la profanation. Pour la retrouver on dut fouiller la terre, c’est alors qu’une source jaillit là-même où on avait caché la statue, depuis l’eau n’a jamais cessé de couler même les années de grande sécheresse. Pendant la Révolution une femme, Louis Dumas, cacha la statue et lui évita la destruction. (« Histoire des communes du Puy de Dôme » sous la direction de André Georges Manry 1988).

     Aux XVII° et XVIII° siècles.

     A la fin du XVII° siècle, Mgr Bochart de Saron visita Aubusson en avril 1698. il trouva l’église en bon état avec un clocher meublé de quatre cloches. On y conservait d’importantes reliques. Les deux confréries du saint Sacrement et du Rosaire n’avaient aucun revenu. Les comptes des marguilliers étaient mal tenus. La chapelle du château était en bon état, mais celle de La Souche était interdite depuis longtemps. La paroisse comptait environ 300 communiants assez assidus, sauf deux personnes qui « prétendent être mariés ». Il n’y avait aucune école.

    L’évêque se rendit ensuite à Espinasse, simple, annexe, où le culte n’était plus célébré régulièrement. Dans un reliquaire on conservait les ossements de sept saints et une dent de saint Laurent, dans un autre des ossements de saint Jean Baptiste, saint Séverin et sainte Magdeleine.

    Mgr Bochart de Saron revint à Aubusson en 1703, il ne constata pas de changements. Le nombre de communiants est alors estimé à 250.

    Les cabaretiers donnent à boire pendant les offices, l’évêque demande au curé de les dénoncer à la haute justice du lieu. Il n’y a toujours pas d’école, mais le curé « enseigne les garçons », la sage-femme est bien instruite.

    En 1723, Massillon est de passage. Il ne fait aucune remarque particulière, cette fois les communiants ne sont plus que 200.

    En mai 1778, c’est la visite de Mgr Bonal. Toujours pas d’école, mais les enfants « sont bien instruits du catéchisme ». Les cabaretiers ne méritent aucun reproche. En inspectant les reliques, l’évêque voit « dans une croix de bois une portion de la vraie croix revestue de son authentique », chose dont on parlait pas précédemment. D’autre part en plus du curé il y a deux prêtres filleuls (nés et baptisés dans la paroisse), ceux-ci avaient été installés en 1784.

    Au XVIII° siècle Aubusson, en plus d’une agriculture médiocre, avait plusieurs tisserands et quelques petits moulins. L’exploitation forestière était importante, les forêts n’étaient propriété ni de la paroisse, ni de ses hameaux, mais d’une communauté d’habitants d’origine très ancienne (en 1403 le seigneur lui avait accordé de droit de chasse). La forêt d’Aubusson se trouve sur le territoire de Vollore-Montagne.

    Le 9 septembre 1787 se tint une importante assemblée de paroisse. Les habitants décidèrent de s’imposer pour la somme de 1 000 livres pour la construction d’un « chemin royal » menant du village de Courpière, l’intendant promettait une subvention de 3 000 livres le procès-verbal de la réunion fut signé par les membres du tribunal seigneurial, le notaire et plusieurs habitants, une vingtaine d’assistants déclarèrent savoir signer. Les travaux commencèrent en avril 1788, mais un propriétaire y mit opposition parce que la route traversait son domaine et lui causait une grosse perte.

    La Révolution.

    Quelques mois avant la réunion des Etats généraux, de Chazerat, seigneur d’Aubusson, vendit une importante forêt à un groupe d’habitants associés, peu après il émigra et ses biens furent saisis, mais les acheteurs conservèrent leurs droits et purent construirent une scierie avec canaux d’amenée d’eau. Aujourd’hui elle est exploitée par le syndicat forestier d’Aubusson rassemblant les habitants de soixante dix villages ou hameaux héritiers des communautés qui avaient autrefois un droit d’usage dans ces même forêts.

    En 1791, le cura refusa de prêter serment à la constitution civile du clergé et fut remplacé par un constitutionnel qui un peu plus tard se rétracta. A une enquête des administrateurs du département sur les menées possibles des prêtres réfractaires, la municipalité d’Aubusson répondit que : « Tous les messieurs dont il s’agit ne troublent en aucune façon l’ordre public. C’est ce qu’on l’honneur de vous certifier ceux qui sont avec une parfaite vénération. Messieurs, vos très humbles serviteurs. »

    En octobre  1792 les administrateurs de Thiers demandèrent aux habitants où devait être installé le siège  paroissial : Aubusson Espinasse. Ceux-ci se réunirent et sur les 68 présents 61 demandèrent le maintien de l’église à Espinasse, elle était « l’église mère », plus centrale sur le territoire communal, de plus l’église d’Aubusson était en mauvais état. Le culte fut donc célébré à Espinasse mais pour peu de temps, en décembre 1793 en application des arrêtés de Couthon l’église fut fermée, ses cloches envoyées à la fonderie « toutes les images de la superstition détruites ».

    La période révolutionnaire ne semble pas avoir connu de violents incidents. En 1796, on comptait douze hommes à Aubusson aux armées, quarante autres avaient disparus.

    Le château.

     Toponymie :

    Aubusson est formé sur le nom de personne gallo-romain Albucius, allongé du suffixe –onem. Il pourrait rappeler le souvenir d’un établissement des premiers siècles de notre ère. (« Les Fortifications médiévales du pays d’Ambert et ses abords» de Joseph Gagnaire).

    Les liaisons avec les voies anciennes :

    Situé à l’entrée des « gorges » du Couzon, Aubusson ne paraît pas surveiller un itinéraire important. On notera la discordance signalée par le professeur G Fournier entre le centre paroissial situé en bordure du vieil itinéraire nord-sud dans un vallon ouvert à Espinasse et le site châtelain retiré dans la vallée du Couzon. Ce dernier engendra un petit bourg seigneurial qui finit par devenir au XIX° siècle, centre de la paroisse. (Fournier G « Le peuplement rural en Basse Auvergne »).

    Historique :

    Fief, Eustache de Montboissier, troisième du nom est chevalier, seigneur de Montboissier, Aubusson et Boissonnelle, il épouse en premières noces Alix Dauphine d’Auvergne et en deuxième noces Thiburge Adhemar en 1289. Il obtient du roi Philippe le Hardi[1] une déclaration, mentionnant que les terres d’Aubusson et de Boissonnelle étaient mouvantes de la couronne depuis 1253.

    Son fils Héracle de Montboissier, damoiseau, reçoit ces deux châteaux avec 700 livres tournois de rente dans son contrat de mariage, passée en 1307 avec Agnès de Chastel Perron. (Comte de Remacle, « Dictionnaire des fiefs de Basse Auvergne » Tome I, page 44).

    Les châtellenies d’Aubusson et du Monteil comprenaient la paroisse d’Espinasse et partie de celles de Vollore, Augerolles et Courpière. Elles entrèrent précocement dans le patrimoine de la puissante famille de Montboissier ou elles restèrent jusqu’au mariage en 1572, de Gilberte de Montboissier, fille de François et Florie d’Apcher, avec Jacques de La Fin, gouverneur de Montferrand. Leur fils, Alexandre de La Fin, épousa en 1608, Jacqueline de La Souchère veuve en premières noces d’Antoine de Beaune. N’ayant pas d’enfant du second mariage, elle délaissa Aubusson et le Monteil à sa fille du premier lit Marie de Beaune mariée en 1624 à François de Beauverger-Montgon. Cette famille garda Aubusson et le Monteil jusqu’à Jean François de Cordeboeuf-Beauverger-Montgon, qui laissa une fille et un fils prêtre, l’abbé de Montgon. En vertu d’une ancienne disposition de substitution les terres d’Aubusson et de Monteil passèrent à  la sœur de Jean François, Claire Henriette de Beauverger-Montgon épouse de Jacques Bernard de Champigny, puis à son fils Jean-François Bernard de Champigny. En 1738, Henriette de Beauverger-Montgon, dame de Champigny est autorisée à faire arpenter ses terres d’Aubusson et le Monteil. Entre 1740 et 1749, 325 avenants  seront signés par les tenanciers : 72 pour Augerolles, 31 pour Vollore, 22 pour Courpière, 2 pour Sauviat et 192 pour Aubusson-Espinasse. Ces châtellenies seront vendues le 30 mars 1752 et pour 270 000 livres, à Charles Antoine de Chazerat (1729-1806), fils du Président de la Cour des Aides de Clermont et dernier intendant d’Auvergne de 1754 à 1789.

    Monsieur de Chazerat ayant émigré pendant la Révolution ce qu’il possédait à Aubusson fut vendu au profit de la Nation le 28 frimaire an II (18 décembre 1793), ce qui restait du château fut adjugé 9 000 livres à Claude Vacheron de Vollore. (« Les Fortifications médiévales du pays d’Ambert et ses abords » de Joseph Gagnaire).

    Le château :

    Le château occupait le dernier ressaut d’un promontoire dominant la vallée encaissée du Couzon, au nord de l’église actuelle qui a succédé à la chapelle seigneuriale. Il n’en subsiste aujourd’hui que quelques souches de murs anciennes. (Fournier G « Le peuplement rural en Basse Auvergne).

    La seigneurie :

    Au XVIII° siècle, la seigneurie d’Aubusson et le Monteil s’étendait sur la paroisse d’Espinasse-Aubusson, sur 27 villages de Vollore, sur 25 villages d’Augerolles formant le quartier dit d’Aubusson, sur 12 villages de Courpière et Courteserre à l’est de la Dore (La Terrasse, Pierregros, Le Bouchet, La Côte Bonjour, Les Mathieux, Les Arnauld, Le Pont, L’Alliet, La Croix Saint Nicolas, Le Monteil, La Côte du Monteil, Las Thoulas). (« Les Fortifications médiévales du pays d’Ambert et ses abords » de Joseph Gagnaire).

     

    • 1 : Philippe le Hardi : (1342-1404) Duc de Bourgogne et des Pays-Bas sous le nom de Philippe II le Hardi à partir de 1363. Il était le quatrième fils du roi de France Jean II et de Guda de Luxembourg. Philippe reçoit le surnom de "Hardi" après s’être distingué par son comportement à la bataille de Poitiers en 1356. Après cette bataille sanglante, qui fait partie de la guerre de Cent Ans, il accompagne son père en captivité en Angleterre. En 1363, il reçoit le duché de Bourgogne. En 1369, il épouse Marguerite, héritière des Flandres et gagne ainsi l’Artois. Philippe fut corégent du royaume de France lors de la minorité de Charles VI.


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    Avant 1793 :

    Espinasse-Aubusson (Paroisse) – 1793 : Aubusson – 1937 : Aubusson d’Auvergne

    Administration ancienne :

    Souveraineté :

    • Avant 1789 (Royaume de France) – 1790 (Puy de Dôme)
      Département : 1793 (Puy de Dôme) – 1801 (Puy-de-Dôme)
      District : 1793 (Thiers)
      Arrondissement : 1801 (Thiers)
      Canton : 1793 (Augerolles) – 1801 (Courpière)

    Descriptif :

    • Région : Auvergne
      Département : Puy de Dôme (63)
      Arrondissement : Thiers
      Canton : Courpière
      Superficie : 679 ha


    Population :

    1793 (513) – 1800 (559) – 1806 (617) – 1821 (820) – 1831 (743) – 1836 (775) – 1841 (796) – 1846 (751) – 1851 (686) – 1856 (691) – 1861 (648) – 1866 (707) – 1872 (729) – 1876 (708) – 1881 (660) – 1886 (642) – 1891 (650) – 1896 (655) – 1901 (611) – 1906 (592) – 1911 (540) – 1921 (428) – 1926 (413) – 1931 (406) – 1946 (350) – 1954 (304) – 1962 (278) – 1968 (242) – 1975 (221) – 1982 (194) – 1990 (1991) - 1999 (220) – 2005 (220)

    • Lac : 28 ha (Juillet 1990)

    • Point culminant : 305m/609m

    • Nom des habitants : Aubussonnais

    • Arbre remarquable : Mûrier (Hauteur : 7 m – Circonférence : 450 cm) Puy Millier


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